Les historiens des sciences et un certain nombre de chercheurs, de philosophes et d'historiens des civilisations attendaient depuis de longues années la parution du manuel de George Sarton. L'ouvrage était conçu et promis déjà en 1913, mais son élaboration intellectuelle fut si longue que le premier volume ne vit le jour qu'en 1952.
En 1913, à l'occasion du lancement de la nouvelle revue Isis, « revue consacrée à l'Histoire de la Science, publiée par George Sarton, D.Sc. », ce mathématicien belge définit comme l'un des buts de son périodique de « rendre possible l'élaboration d'un manuel d'histoire de la science vraiment complet et synthétique ». La guerre survint et Sarton commença à vivre une existence de Juif errant. De Wondelgem-lez-Gand en Belgique, son premier lieu d'inspiration, jusqu'à Cambridge aux États-Unis, où il fut longtemps professeur d'Histoire de la Science à la Harvard University, il poursuivit ce qu'il appelait lui-même « une œuvre de foi : foi dans le progrès humain, foi dans l'idéal le plus élevé que l'humanité se soit jamais proposé, la conquête progressive de la vérité et de la justice ». Dans l'union harmonieuse des Science et des Lettres, dans la réconciliation de l'idéalisme avec le sens commun et l'expérience scientifique, Sarton cherchait les bases d'un nouvel humanisme.